Je me souviens, lorsque j'étais enfant, la mémoire d'un temps qui n'en finirait jamais. Je courrais dans les herbes, traversais les forêts, allais le jour durant suivre le soleil dans sa course, ébloui d'un rien. Ce temps était vaste pour moi, avec le voisin de la famille, dont le prénom était Emile, qui doit dormir à présent sous un tas de pierres. Il disait à chaque rencontre, le soir après le travail des champs, qu'il me porterait jusqu'au ciel. Il me disait : nous irons sur la lune... Le temps s’est rétréci. Il n'est plus question de demain. La terre est usée. Nous l'avons fichue dans le caniveau. Je ne savais pas à cette époque que je côtoyais les dernières générations d'humains. Tout est allé si vite. Je courrais, j'ai été rattrapé par l'histoire des hommes. La terre va sauter, s'envoyer en l'air. Il y a trente ans, j'étais les deux pieds dans l'eau pure du ruisseau. J'ai aujourd'hui les pieds dans les poubelles !
Festival Voies Off 2007 : dernier adieu avant l'implosion.
3 au 7 juillet - Cour de l'Archevêché - Arles